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plus aucune résistance. On accorda le garde tant promis, la nomination fut signée séance tenante ; M. de Goyon la rapporta lui-même et la remit victorieusement à son protégé.

Le juif se répandit en actions de grâces comme Moïse au chapitre XV de l’Exode. Peu s’en fallut qu’il ne baignât de ses larmes le nom béni du garde qu’on lui donnait.

C’était le nom d’un homme introuvable, disparu depuis six ans et qui n’avait donné de ses nouvelles à personne !

Que faire ? Retourner au général ? se plaindre une troisième fois ? prouver à un galant homme et à un homme respectable que les autorités romaines s’étaient moquées de lui ? Le juif y songea bien. Mais la police, qui ne dort jamais, lui ordonna de rester chez lui, de vivre en joie et d’être content, sous les peines les plus sévères.

Lorsque nos officiers le rencontraient par hasard, on lui disait : « Eh bien ! vous avez ce qu’il vous faut. Vos récoltes sont en sûreté. Vous devez une fière chandelle à l’armée française ! »

Il remerciait prudemment, souriait par ordre et s’en allait pleurer dans un coin.


Je ne veux pas raconter ici l’histoire du jeune Mortara. Elle prouve que les hommes les plus exercés à donner le spectacle de la tolérance oublient leur rôle quelquefois.