Page:About - Rome contemporaine.djvu/107

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être mal préparé, qui ne s’est point accusé de ses fautes, qui n’a point reçu l’absolution, et qui tombe droit en enfer, ou du moins en purgatoire. Voilà pourquoi le meurtre, j’entends le meurtre d’un chrétien, ne saurait être trop puni. Mais nous, qu’avons-nous tué ? Rien, messieurs, qu’un misérable juif, damné à l’avance. Lui eût-on laissé cent ans pour se convertir, vous connaissez l’obstination de sa race, il aurait crevé sans confession comme une brute. Nous avons, j’en conviens, avancé de quelques années l’échéance de la justice céleste ; nous avons hâté pour lui une éternité de peines qui ne pouvait lui manquer tôt ou tard. Mais soyez indulgents pour une erreur vénielle, et réservez votre sévérité pour ceux qui attentent à la vie et au salut d’un chrétien. »

Cette plaidoirie serait ridicule à Paris ; elle était logique à Rome. Le coupable en fut quitte pour quelques mois de prison.


Les juifs sont tolérés dans plusieurs villes de l’État romain et dans quelques villages. Ils habitent Rome, Ancône, Ferrare, Pesaro, Sinigaglia. C’est à Rome qu’on les traite avec le plus de douceur. L’an dernier, le délégat d’Ancône a remis en vigueur une vieille loi qui défend aux chrétiens de converser en public avec les juifs.

Le petit peuple les méprise, mais il ne les hait pas. J’ai vu un enfant de quinze ans s’approcher d’un vieux juif et lui enfoncer son chapeau jusque sur les yeux ; mais il ne lui aurait pas fait de mal. J’ai entendu un paysan dire à un juif : « Vous êtes bien heureux, vous autres ;