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vous ne craignez pas de mourir par accident (sans confession), puisque vous n’avez pas une âme à sauver comme nous. »

Les moines, les prêtres et généralement tout le clergé inférieur circulent dans le Ghetto sans répugnance marquée. Le pape, les cardinaux, les évêques et les simples monsignori sont exclus de ce lieu impur. Ils perdraient leur caste en y posant le pied.

Les ecclésiastiques romains font pourtant une grande différence entre les juifs et les protestants : s’ils ont un peu de mépris pour les uns, ils nourrissent une haine vigoureuse contre les autres. C’est que les juifs sont des vaincus, et les protestants des rebelles. L’Église n’a point oublié ce grand principe de politique romaine que Virgile avait résumé en un seul vers :

Épargner les vaincus, terrasser les superbes.

Permettez-moi de citer un fait à l’appui de mon dire. Un israélite de Paris, qui était venu voir la semaine sainte, s’était logé dans une maison particulière. Quelques jours après Pâques, il reçut par erreur la visite d’un des prêtres chargés de recueillir les billets de confession et de signaler à la justice quiconque a violé le commandement de l’Église. « Excusez-moi, monsieur, dit le juif en ouvrant sa porte, je ne suis pas chrétien.

— Monsieur est luthérien ? demanda le prêtre avec plus de politesse que de tendresse.

— Non, monsieur ; israélite.

— Allons ! c’est moins mal. »