Page:About - Rome contemporaine.djvu/109

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Il est certain que les juifs, si haut que la fortune les place, conservent devant le saint-siège une attitude respectueuse. Ils ne lui prêtent pas leur argent sans demander pardon de la liberté grande ; tandis que les protestants affichent un peu leur rébellion. Il y a toujours à Pâques, dans la chapelle Sixtine, un Anglais de six pieds de long, debout sur ses grandes jambes au milieu de la foule agenouillée. On a beau le déraciner ; il repousse l’année suivante.


Mais je rentre au Ghetto. Cette petite fenêtre, au troisième étage d’une maison horrible, dans une des ruelles les plus nauséabondes du quartier, est célèbre dans les traditions joyeuses de l’Académie de France. Il est d’usage que les nouveaux pensionnaires payent leur bienvenue par une journée de gros ennuis et de mystifications quelquefois un peu fortes. On raconte qu’un jeune compositeur israélite fut averti en arrivant qu’il aurait à loger au Ghetto. « Tu pourras manger ici, lui dit-on, parce que nous sommes dans un lieu d’asile ; mais il faut coucher au milieu de ton peuple : la loi romaine est intraitable sur ce chapitre-là ! » Il dîna au milieu de ses camarades, et, après le dessert, on le conduisit à l’appartement qu’on avait loué pour lui. Le mobilier était choisi pour faire horreur à l’homme le moins délicat ; si le lit posait sur trois pieds, c’est tout au plus. L’hôtesse se distinguait par une malpropreté repoussante ; elle promit au jeune locataire de le soigner comme un fils et d’avoir mille attentions pour lui. C’est devant cette perspective qu’il se