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Page:About - Rome contemporaine.djvu/110

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coucha, dit-on, et la nuit fut si mauvaise que le lendemain il parlait de retourner en France. La plaisanterie n’alla pas si loin. Le jeune artiste rentra à l’Académie dans sa chambre légitime, et il n’y perdit pas son temps. Mais qui sait si dans la suite, lorsqu’il écrivit cette belle partition de la Juive, les souvenirs du Ghetto ne lui sont pas revenus à l’esprit ?


Les habitants du Ghetto font tout dans la rue, comme je vous l’ai dit : c’est peut-être parce que leurs maisons ne sont pas tenables. Ce que j’ai vu de leur intérieur ne m’a donné nulle envie d’y pénétrer. Je me contente de traverser le quartier dans tous les sens, et voilà comme je m’initie aux mœurs de cette population. Dans la semaine, je les vois vendre et acheter, travailler patiemment de leurs mains, manger peu et mal. Le régime végétal auquel ils sont condamnés par la misère, joint à la rareté de l’air respirable, appauvrit leur sang et mine leur santé. Quoique voisins du Tibre, ils sont moins sujets à la fièvre que les habitants des quartiers moins bas ; car ce n’est pas l’eau du fleuve, mais les miasmes de la campagne apportés par le vent, qui empoisonnent les Romains. Le samedi, mes pauvres juifs s’endimanchent de leur mieux pour envahir les synagogues. Hier dimanche, ils ont fait des affaires jusqu’à trois ou quatre heures après midi ; mais bientôt les boutiques à demi ouvertes se sont fermées tout à fait ; le peuple a pris sa récréation. J’ai rencontré au coin de chaque rue une table entourée de dix à douze personnes des deux sexes, avec un jeu