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Page:About - Rome contemporaine.djvu/124

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que nous étions devenus, malgré la distance, une paire d’amis. Elle me fit une avance plus directe en envoyant sa mère me demander un verre d’eau : il n’y en avait qu’à ma table. Je m’empressai d’offrir la carafe, et je reçus deux remercîments à la fois. La jeune fille me sourit plus tendrement que jamais, et son père me fit des yeux énormes.


Plus près de moi, le bouledogue, las de prêter à rire, s’était retiré en grommelant. Mes autres voisins le suivirent bientôt, et je leur dis adieu. Ce ne fut pas sans leur offrir quatre cigares de la fabrique romaine, un peu fades au goût, mais bien faits et faciles à fumer. Le beau serrurier me tendit la main et je la serrai de bon cœur, sans savoir qu’il n’avait plus deux minutes à vivre.

Les places vacantes à mon côté furent occupées immédiatement par trois troupiers français, imperceptiblement gris. Ils parcouraient en triomphe les cabarets du Transtévère, après avoir remporté une victoire éclatante sur quatorze soldats du pape. Ces vainqueurs vidèrent un flacon, chantèrent un couplet, et transportèrent leur gloire et leur gaieté sur un autre théâtre. Ils furent bientôt remplacés par trois soldats pontificaux qui se vantaient d’avoir mis en déroute quatorze Français.


Je remarquai alors un nouveau venu qui avait pris place à la table voisine. C’était un vieillard de soixante ans