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punité qu’ils seraient sûrs du châtiment en France ou en Angleterre.


Presque tous les rapports de police que j’ai cités tout à l’heure se terminent uniformément par cette phrase sacramentelle : « Le coupable s’est dérobé par la fuite. » Le peuple, au lieu de les poursuivre, leur prête les mains. À ses yeux, l’assassin a raison, et la victime était dans son tort. Nos Romains de la plèbe n’ont pas plus de mépris pour un assassin que les Parisiens pour un homme qui a tué loyalement son adversaire en duel. Et de fait, c’est un véritable duel que l’assassinat tel qu’il se pratique ici. Lorsque dans la chaleur de la discussion deux hommes en sont venus à certaines paroles, ils savent que le sang doit couler entre eux ; la guerre est implicitement déclarée ; la ville entière est le terrain choisi : la foule est le témoin accepté de part et d’autre, et les deux combattants savent qu’à toute heure du jour et de la nuit il faut se tenir en garde. La plèbe croit donc, et ce n’est pas un préjugé facile à déraciner, que le meurtrier est un juste.

On protège sa fuite. Où va-t-il se réfugier ? Pas bien loin. La ville est pleine d’asiles. Les ambassades, l’Académie de France, les églises, les couvents, le Tibre sont autant de sanctuaires où la loi ne pénètre pas. Si un homme poursuivi menace de se donner la mort, la police est tenue de le laisser fuir ; c’est pourquoi le Tibre est un asile inviolable. On craint que le prévenu ne se jette à l’eau et ne périsse sans confession. Celui qui parvient à saisir un moine par sa robe est en sûreté, comme s’il embrassait