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Page:About - Rome contemporaine.djvu/153

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On ne s’attendait guère à voir la Madone en cette affaire ; mais n’oubliez pas qu’aux yeux des Italiens la Madone est la plus haute puissance du ciel. Ils parlent rarement de Dieu et incessamment de la Madone. Lorsqu’on renvoie un pauvre sans lui donner un sou, on lui dit : Que la Madone te protège ! et il remercie. J’ai entendu cette conversation dans un cabaret du Transtévère :

« Papa, les étrangers, d’où viennent-ils ?

— Ils viennent du pays d’Étrangerie.

— Comment c’est-il, dans ce pays-là ?

— Grand froid, maisons de bois, profonde ignorance, énormément d’argent !

— Est-ce qu’ils croient en Dieu ?

— Non.

— Mais ils croient au moins à la Madone ?

— Non.

— Quoi ! pas même à la Madone ? » Voici le discours d’un aubergiste de village qui voulait convertir un jeune Anglais : « Mais, âne que tu es, tu ne vois donc pas que le ciel, la terre, toi-même, tes habits, le pain que tu manges, tout vient de la Madone ? C’est elle qui a fait le monde, et il faut être plus bête que les bêtes pour ignorer cette chose-là ! »

Si l’esprit fort vient à régner sur cette terre, il niera peut-être Dieu, mais il continuera de brûler des cierges à la Madone. Lorsqu’un homme va mourir, on dit : Il ira bientôt voir la Madone. Tous les malades qui ferment l’œil sont victimes de cet âne de médecin ; tous ceux qui réchappent ne sont redevables qu’à la Madone. Ils débattent le prix des visites, mais ils ne marchandent pas la cire à la madone de Saint-Augustin. C’est la plus vénérée