Aller au contenu

Page:About - Rome contemporaine.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de celles qu’on implore dans la ville. Tous les piliers de son église sont tapissés d’ex-voto d’or ou d’argent. Sa statue est écrasée sous le poids des bijoux ; elle a des écrins dont une reine serait jalouse. On raconte qu’une grande dame lui ayant fait offrande de tous ses diamants sans consulter son mari, le mari se plaignit au pape. Il ne s’agissait de rien moins que d’une fortune. Le pape autorisa le plaignant à reprendre son bien, sous la condition expresse qu’il irait le chercher lui-même, un dimanche, au sortir de la messe. Les diamants y sont encore. La madone de Saint-Augustin a un pied de bronze, littéralement dévoré par les baisers de la foule : il faut le renouveler de temps en temps. Mille petits tableaux suspendus autour d’elle attestent les miracles qu’elle a faits. J’ai vu autrefois, dans un cadre fort modeste, Mme Ristori à demi écrasée par un portant de coulisse, et préservée par la madone de Saint-Augustin. Je ne sais où ce tableau a passé ; je ne le retrouve plus. Si la Madone a protégé Mme Ristori un soir qu’elle jouait la comédie, elle peut bien enrichir de temps en temps un pauvre joueur de loterie.


Je conseille aux étrangers qui ont du temps d’assister au moins une fois au tirage de Rome. On y voit de bonnes figures et l’on y entend des réflexions curieuses. Le joueur qui a failli gagner injurie les numéros qui le ruinent. « Comprenez-vous, monsieur, qu’on ait tiré le 37 ? On avait bien besoin du 37, en vérité ! Sur ma foi, 37 est un joli numéro ! Est-ce qu’il n’aurait pas été cent fois plus