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Page:About - Rome contemporaine.djvu/157

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Les étrangers qui viennent à Rome commencent par blâmer sévèrement la loterie. Au bout de quelque temps, l’esprit de tolérance qui est dans l’air pénètre peu à peu jusqu’au fond de leur cerveau ; ils excusent un jeu philanthropique qui fournit au pauvre peuple six jours d’espérances pour cinq sous. Bientôt, pour se rendre compte du mécanisme de la loterie, ils entrent eux-mêmes dans un bureau, en évitant de se laisser voir. Trois mois après, ils poursuivent ouvertement une combinaison savante ; ils ont une théorie mathématique qu’ils signeraient volontiers de leur nom ; ils donnent des leçons aux nouveaux arrivés ; ils érigent le jeu en principe et jurent qu’un homme est impardonnable s’il ne laisse pas une porte ouverte à la Fortune.


Tous les étés, sans préjudice de la loterie courante, on tire un certain nombre de tombolas. La tombola est une partie de loto jouée en plein air par la population entière. Chacun prend un carton et le remplit lui-même des chiffres qui lui semblent les meilleurs. Clercs et laïques, riches et pauvres entourent les bureaux. Le tirage a lieu dans cette belle villa que le prince Borghèse prête gracieusement au peuple de Rome pour s’y promener à pied et en voiture. C’est un jardin immense, hérissé de monuments de toute sorte, et peuplé de grands troupeaux qui vivent sur les pelouses. Que vous semble d’un jardin particulier où l’on fait cinquante mille bottes de foin tous les ans ? Un hippodrome de pierre, deux fois plus grand que