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Page:About - Rome contemporaine.djvu/159

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sans rien dire et s’apprêta à l’emporter chez lui. Mais la belle jeunesse du village se mit en travers sur son chemin, et ce fut tant pis pour tout le monde. On commença par des quolibets : les bourrades vinrent ensuite. Le bonhomme se laissa rouler comme une balle élastique. Il se consolait de recevoir quelques coups de poing, parce qu’à chaque secousse il entendait sonner ses écus. La foule, enhardie par son air impassible, s’émancipa de plus en plus fort, si bien qu’au lieu de retourner chez lui, l’homme aux cinquante écus se réfugia dans un cabaret. On l’y suivit en criant à ses oreilles, sans préjudice des coups de poing qui trottaient toujours. Mais un couteau pointu s’étant trouvé sur le chemin, mon paysan tranquille et inoffensif le prit. Deux minutes plus tard, il y avait trois morts et quatorze blessés dans la paroisse. Le vainqueur gagnait au large et quittait le pays, un peu plus riche et beaucoup moins innocent qu’il n’y était entré. Il ne dormit pas la nuit suivante auprès de sa femme, mais il se dirigea du côté de Velletri, et c’est dans les mâquis de la Plaine morte qu’il mangea l’argent de la tombola.