Page:About - Rome contemporaine.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle absorbe déjà la caste aristocratique, et c’est un travail qui s’achèvera avant la fin de notre siècle. La féodalité a rendu de grands services à l’Europe, mais elle a fait son temps. Après la ruine du monde romain et l’invasion tumultueuse des barbares, elle a créé un ordre factice et brutal, mais régulier. La monarchie absolue, qui valait un peu mieux, lui a porté de rudes coups ; elle l’a non-seulement domptée, mais transformée. À dater du seizième siècle, la féodalité change de nom et s’appelle noblesse. Le gentilhomme est encore au-dessus du vilain, mais il est à cent lieues au-dessous du roi. Il obéit plus qu’il ne commande, et il achète au prix des plus tristes humiliations, le droit d’humilier le peuple. En 1793, le peuple, c’est-à-dire la classe moyenne, décapite la monarchie et la noblesse, et proclame le principe de l’égalité des hommes, qui sera désormais discuté, controversé, éludé, mais non aboli.

Il suffit aujourd’hui de jeter un coup d’œil sur l’aristocratie française, pour voir qu’elle se fond peu à peu dans la classe moyenne. Les familles nobles qui survécurent à la Terreur étaient dépouillées de tout patrimoine. Les restitutions de Napoléon Ier et le milliard des émigrés ne les ont relevées que pour un temps. Le Code civil, qui n’admet pas le droit d’aînesse, défait les plus grandes fortunes en les partageant. Les privilèges dont on pouvait tirer quelque argent sont abolis ; les emplois publics ne sont plus donnés à la naissance, mais au mérite ou l’intrigue, et si un gentilhomme de 1860 avait la prétention de vivre sans travailler comme ses pères, il condamnerait sa postérité à mourir de faim. Cependant les besoins augmentent, le luxe déborde, ce qui s’appelait