Page:About - Rome contemporaine.djvu/170

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littéralement victime de l’acrastia vermi. Par bonheur pour toi, tu m’as appelé à temps ; le ver ne s’est pas encore insinué jusqu’au grand ressort de la vie. Je vais l’arrêter dans sa marche par une bonne saignée, de peur qu’il ne profite du mouvement de la circulation pour s’avancer plus loin : nous verrons ensuite à l’expulser inopinément dans le torrent d’une purgation détersive. » Après huit jours de traitement, le malade, vidé comme un poulet, finit par rendre un filament blanc ou rouge, et le médecin s’écrie : « Félicite-toi d’avoir rencontré un digne élève d’Hippocrate ! La science a fait un miracle de plus ; le ver est dompté, tu es guéri ! »

Cependant j’ai rencontré dans la banlieue de Rome un docteur beaucoup plus modeste. Il était jeune. Le pharmacien l’avait envoyé dans une maison où je me trouvais par hasard. Le malade lui dit : « Je ne me sens pas bien, ma tête est lourde, je suis gros, j’ai le cou passablement court ; je ne me soucie pas de mourir d’accident : saignez-moi. »

— Volontiers, répondit le jeune homme en ôtant son habit. La saignée est une belle opération, très-utile, et assez facile ; oui, assez facile, en vérité, quoique tous les hommes ne soient pas également adroits. Vous n’avez pas peur ? Oh ! ni moi non plus. Qu’est-ce qu’une saignée ? une piqûre à faire au bras. Le tout est de ne pas trembler. » Il tremblait un peu. Cependant il se raffermit en présence du danger, tira sa lancette, piqua la veine. Un beau filet de sang jaillit dans la cuvette, et le jeune docteur tomba à genoux en s’écriant : « Rendons grâce à la Madone ! Cette fois, j’ai réussi. »

Lorsqu’il fut remis de son émotion, je lui dis : « Par-