Page:About - Rome contemporaine.djvu/174

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Il me fit attendre plus d’un mois, et les prétextes qu’il inventa suffiraient à défrayer un acte de comédie. Enfin je m’avisai de lui avancer quelques écus, et je fus servi. Presque tous les maîtres maçons, vitriers, couvreurs, etc., qu’on emploie à l’Académie de France travaillent sur les avances qu’on leur fait.

C’est faute de capital que le commerce et l’industrie romaine végètent. C’est faute de capital qu’on cherche vainement à Rome cette bourgeoisie indépendante et éclairée qui est la ressource de toutes les grandes nations. Il est à croire que l’achèvement des chemins de fer, en faisant converger vers Rome toutes les ressources du pays, y créera une classe moyenne digne de ce nom. On cite quelques charcutiers qui sont devenus riches ; mais la seule entreprise commerciale où il se soit fait une fortune princière est la boulangerie. Je vous ai dit que les Romains étaient les plus énormes mangeurs de pain de l’univers civilisé.


Les ouvriers et marchands en boutique, tout misérables qu’ils sont, ne pèchent jamais par excès de modestie. Leur vanité et leur imprévoyance égalent quelquefois celles des plébéiens. Ils dépensent toutes leurs économies deux fois par an, au carnaval d’abord, puis au mois d’août, pendant les vendanges. Ils aiment à paraître ; ils portent beaucoup d’or en chaînes, bagues et boucles d’oreilles. Notre menuisier, qui ressemble trait pour trait à Caliban, porte une turquoise à chaque oreille, comme les buffles ont un anneau de fer dans le nez.