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Page:About - Rome contemporaine.djvu/175

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Hier soir, en remontant la via Frattina, j’ai entendu le dernier mot d’une conversation entre un droguiste et un relieur qui fermaient leurs boutiques. « Avec tout ça, disait le relieur, nous sommes Romains, les premiers du monde. »


La location des appartements meublés a été pendant longtemps la principale industrie de la classe moyenne. Lorsqu’il fallait voyager pendant un mois ou deux pour venir à Rome, les étrangers ne s’y arrêtaient pas huit jours. Ils y passaient l’hiver, et non pas à l’hôtel ; l’hôtel est une invention moderne. En ce temps-là donc, une famille romaine, pour peu qu’elle eût quelques écus devant elle, louait de troisième ou quatrième main tout un étage sur le Cours, louait des lits pour le meubler, et l’offrait aux nobles étrangers venus en chaise de poste. Vous aviez pour mille écus un appartement qui n’en rapportait pas cinquante au propriétaire de la maison. Le surplus se partageait entre le principal locataire, le sous-locataire, le marchand de meubles, l’entrepreneur de locations en garni, et le domestique de place qui vous avait amené jusqu’à la porte. Cet usage ne s’est pas encore entièrement perdu ; beaucoup de familles qui tiennent un certain rang n’ont pas d’autres ressources pour vivre. Elles habitent auprès de vous, dans un petit coin de l’appartement ; elles ouvrent la porte, reçoivent vos visites, et se tiennent complaisamment à votre service. Cette demi-domesticité n’a rien qui les humilie. Du reste, il y a peu de Romains de la classe moyenne qui ne soient peu ou prou domes-