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tiques. L’un est avocat et intendant ; l’autre est médecin au service d’un prince ; celui-ci épicier et valet de chambre, celui-là marchand de tabac et suisse d’un cardinal, cet autre cuisinier d’un marquis et restaurateur. Qui n’a pas entendu parler du restaurant Lepri ? C’est la gargote la plus célèbre de Rome, et celle où l’on dîne le plus mal à bon marché. Voici comment elle s’est fondée. Le marquis Lepri était à peu près ruiné ; son cuisinier offrit de le nourrir avec toute sa famille moyennant cinq sous par tête. Il ne demandait rien en échange, sinon la faculté d’ouvrir un petit restaurant auprès de sa cuisine, au rez-de-chaussée du palais. Marché conclu, le petit commerce s’agrandit si bien que le restaurant déménagea, emportant le nom de Lepri qui lui est resté. Mais voyez comme tout s’altère en ce bas monde ! il s’intitule aujourd’hui restaurant du lièvre, della lepre.


Les seuls bourgeois vraiment dignes de ce nom, parce qu’ils arrivent à la fortune et à l’indépendance, sont les marchands de campagne. Leur industrie consiste à prendre à ferme un grand domaine, qu’ils cultivent à grand renfort de bras, de bétail et de capital.

Si l’industrie et le commerce ne brillent dans Rome que par leur absence, l’agriculture n’est point dans le même cas : la ville est comme une ferme gigantesque au milieu de la plaine la plus fertile du monde. Le sol est si puissamment riche que, malgré l’insalubrité de l’air, malgré la routine, malgré les chômages, malgré l’insuffisance des