Page:About - Rome contemporaine.djvu/177

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lois civiles, malgré l’indolence des propriétaires, et la distribution déplorable de la propriété, malgré le délabrement des routes, la capitale du catholicisme est aujourd’hui la capitale du blé. Quelques hommes intelligents, sortis des bas-fonds de la plèbe campagnarde, ont économisé quelques écus ; leurs fils les ont fait fructifier dans des spéculations rustiques, leurs petits-fils achètent du bétail, prennent une ferme, payent cent cinquante mille francs par an au prince Borghèse ou à un autre, et en mettent de côté tout autant. À la génération suivante, ils sont comtes, marquis, ducs, princes ! Ils achètent le patrimoine, le nom et les ancêtres d’une grande famille ruinée, s’il leur plaît de descendre des héros de Tite Live et non des esclaves de Caton.

En attendant cette métamorphose, le marchand de campagne habite, à Rome ou à Frascati, une grande maison modeste et peu meublée. Il a des chambres peintes à la chaux où il donne une hospitalité cordiale ; il offre à ses amis un vin excellent et quatorze plats de viandes succulentes : mangez de tout, je vous prie, sous peine de le désobliger. Sa conversation est solide et pleine de choses, surtout si vous le questionnez sur le travail des champs. Ce n’est pas qu’il vive toujours dans l’horizon de la campagne romaine ; il voyage de temps en temps. Il a fait un tour à Londres et un petit séjour à Paris ; il se propose d’aller voir son frère qui est à Vienne ; peut-être même donnera-t-il un coup de pied jusqu’à Constantinople. Ne le confondez pas avec les Romains de profession, qui n’ont jamais vu la mer, et qui parlent d’Albano par ouï-dire. Le marchand de campagne est de tous les pays, comme le blé, comme l’argent. Son seul défaut est de répéter un peu