Page:About - Rome contemporaine.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gouverneurs et des sous-gouverneurs de villes qui administrent et qui jugent, qui ont le droit d’envoyer un homme aux galères pour cinq ans, et qui touchent sur le budget 125, 100, et même 60 francs par mois ! Voici des juges de première instance à 200 francs, des conseillers de cour d’appel à 350. Ils sont payés moins chers que les employés de la Loterie. Si vous êtes curieux de savoir comment ils font pour vivre, c’est un secret que je peux dévoiler sans scandale. Le chef de division du ministère des finances est en même temps le teneur de livres d’un marchand de campagne. Il n’y a pas deux heures qu’un domestique du fermier est venu le talonner à son bureau pour certaines écritures en retard. Cet employé du sénat descend du Capitole une fois par jour pour aligner des chiffres au Ghetto, dans l’arrière-boutique d’un israélite. Ceux-ci ajoutent clandestinement au revenu de leur charge un incertain qu’ils obtiennent en tendant la main à propos. Ceux-là sont trop fiers pour tendre la main ; ils l’introduisent furtivement dans la caisse. Voilà un groupe d’honnêtes gens qui servent l’État avec un zèle assidu, désintéressé, je dirais presque héroïque. Il se peut faire que l’un d’eux arrive par accident à quelque emploi élevé. Mais la plèbe qui n’estime que les grandeurs héréditaires ou ecclésiastiques, le prendra difficilement au sérieux. Elle ne lui pardonnera ni l’humilité de sa naissance, ni les fonctions modestes qu’il a remplies. L’aristocratie le tiendra rigoureusement à distance et lui fermera ses salons ; le clergé verra en lui un parvenu irrégulier, qui a marché à son but par des chemins de montagne.

À la première occasion, il éprouvera le sort du pauvre Campana.