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d’ouvreuses ; chacun arrive avec son billet ou avec sa clef, selon qu’il habite le haut ou le bas. Le vestibule sert de foyer ; on peut aussi passer les entr’actes dans la rue.

Si l’entrepreneur juge à propos d’offrir à ce respectable public une saison d’opéra, il affiche préalablement une proclamation à ses Mécènes. Il trompette à grand renfort de louanges les noms des auteurs, des compositeurs et des artistes qu’il a enrôlés. Les premiers sujets sont payés raisonnablement, beaucoup moins cher qu’à Paris, mais ils ont de quoi vivre à l’italienne. Les choristes et les instrumentistes se ramassent d’un seul coup de filet : il est assez de cette marchandise, et rien n’abonde ici comme la médiocrité.

La première chanteuse absolue est une bonne mère de famille ; ses six créatures ont eu l’attention délicate de ne point gâter la voix de leur maman. Son mari est un baryton, quelquefois un gentilhomme ruiné qu’elle nourrit. Ne craignez pas qu’elle lui soit infidèle : elle a trop à faire. Le spectacle, les répétitions, les enfants et le pot-au-feu absorbent toute son âme. Peut-être cependant donnera-t-elle un ou deux coups de canif dans le contrat, car elle est femme ; mais jamais elle n’abandonnera son mari pour chanter plus à l’aise. Il y a beaucoup de simplicité, de bonhomie et d’honnêteté vraie dans cette prima donna, pourvu que le luxe de Paris ou de Saint-Pétersbourg ne lui ait pas tourné la tête. Son mari est pour elle un meuble nécessaire : il la mène et ramène, il signe les traités, il conduit les petits garçons à l’école, il fait les provisions au marché.

Les chanteurs et les chanteuses ne sont ni mieux ni