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Page:About - Rome contemporaine.djvu/185

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plus mal vus que les autres bourgeois. Les grands seigneurs les reçoivent le soir, et les tutoient. Ils ont des parents en boutique, qui les reconnaissent volontiers. On les envie un peu lorsqu’ils gagnent beaucoup d’argent ; on les plaint lorsqu’ils traînent la sandale. Ils ont appris la musique comme ils auraient étudié le droit, la couture ou la médecine. Les applaudissements leur font plaisir, et ils ne se suicident pas lorsqu’il leur arrive d’être sifflés. Du reste, on les applaudit beaucoup chaque fois qu’ils le méritent un peu. L’Italie est plus enthousiaste que la France. Nous sommes jaloux de nos artistes comme de nos grands hommes, et nous leurs reprochons les applaudissements qu’ils nous arrachent. L’Italie gâte les siens. L’habitude de les rappeler après chaque morceau est si forte, qu’il a fallu laisser une ouverture au milieu du rideau. Pour peu qu’ils aient de succès, ils ne font qu’entrer et sortir jusqu’à minuit sonné. Jamais la critique ne les empêche de dormir ; si un homme de goût avait quelque bon conseil à leur donner, il serait obligé de l’écrire sur les murs, et cela, par la raison fort simple qu’il n’y a pas de journaux.

Chacun d’eux, vers la fin de la saison, donne une représentation à son bénéfice. Il va lui-même, tendant le dos, porter les loges chez les grands seigneurs. On les lui paye plus cher que le prix de location, et il remercie humblement. À l’heure du spectacle, il s’assied lui-même sous le vestibule du théâtre, derrière un plateau d’argent où chacun jette son offrande. Et il s’incline en signe de remercîment pour une pièce de vingt sous.

Les pauvres diables de l’orchestre et des chœurs font tous quelque autre métier pour vivre. Le cumul est de