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font gratis et vigoureusement ce que les romains de Paris font mollement et à prix d’or.

Au bout d’une saison de trois mois, l’entrepreneur qui a joué trois opéras, dont un nouveau, se retire avec gloire. Il a perdu un peu d’argent ; il s’en console en gravant sur une plaque de marbre, à la porte du théâtre, les succès qu’il a obtenus et la reconnaissance du peuple. Quelquefois il va chercher fortune ailleurs ; quelquefois aussi, pour se refaire, il essaye une saison de drame et de comédie.


Il a pris soin de s’assurer le concours de trois ou quatre avocats : c’est l’avocat qui écrit les comédies. Les poëtes de la troupe sont annoncés sur le prospectus, à la suite des acteurs. Le plus souvent ces messieurs se contentent de traduire les drames et les vaudevilles de Paris. C’est ainsi que Térence et Plaute s’inspiraient de la comédie grecque ; mais Térence et Plaute n’écrivaient pas leurs traductions au courant de la plume. L’auteur romain se refuse rarement le plaisir de signer l’œuvre qu’il a traduite : vieille habitude d’un peuple conquérant. Quelquefois on biffe le nom de l’auteur et on laisse croire au public que la pièce s’est faite toute seule. Le seigneur Eugenio Scribe a seul le privilège d’être toujours nommé.

Le public romain n’aime que les pièces françaises. Il y pleure, il y rit, il y applaudit. Mais de temps en temps son amour-propre se révolte contre son goût. « Quoi ! dit le parterre, nous sommes Romains et nous applaudissons des auteurs français ! » Là-dessus, on siffle pour le prin-