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cipe l’ouvrage dont on est le plus charmé. L’an dernier, à cette époque, le public se mit à huer à propos de rien son acteur favori. Ce garçon comprit aussitôt ce qu’on voulait lui dire. Il se croisa tranquillement les bras et répondit : « Messieurs, j’avoue que nous avons le plus grand tort de vous servir tous les jours des denrées étrangères. Nous nous engageons aujourd’hui à vous donner exclusivement des pièces nationales… dès que messieurs vos auteurs auront pris la peine d’en faire. »

Messieurs leurs auteurs s’y mettent de temps en temps, et c’est alors qu’on voit paraître de grandes berquinades morales et filandreuses : Égoïsme et bon cœur, l’Orphelin vengé, un Repentir tardif, les Inconvénients d’un caractère fougueux. Le public bâille un peu à ces rapsodies, mais il y pleure aussi quelquefois. Sa sensibilité banale se répand en eau, pour peu qu’un père bénisse ses enfants ou qu’un pécheur demande pardon de ses fautes. Les acteurs qu’il goûte le plus sont ceux qui donnent de la voix à faire écrouler la salle, ou qui roulent de gros yeux blancs hors de leurs orbites.

Parmi les rares écrivains qui travaillent pour le théâtre, il y a quelques élèves distingués de Goldoni. Modérés dans le comique et dans le pathétique, ils ne manquent cependant ni d’invention, ni d’élégance. Mais la bonne volonté du parterre et les bravos d’un public qui n’est pas assez exigeant, les accoutument à se contenter de trop peu. Ils brodent un dialogue facile sur un canevas un peu lâche ; ils plaquent çà et là quelques tirades morales ou sentimentales, et la pièce est faite. Un auteur anglais n’est content que lorsqu’il a bourré deux ou trois actions dans son drame ; les dramaturges italiens