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Page:About - Rome contemporaine.djvu/189

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en prennent tout à leur aise et ne craignent pas de développer en cinq actes une simple anecdote. L’esprit tourmenté, violent, excessif de l’Angleterre, le génie facile et coulant de l’Italie se trahissent en cela comme en tout.


La censure est inepte à Rome, comme dans tous les pays affligés d’une censure. Rien n’est plus irréprochable que les moralités dramatiques qu’on invente en Italie, et Bossuet lui-même ferait grâce au théâtre, s’il pouvait voir seulement une fois le Repentir tardif.

Mais l’homme à qui l’on a donné une paire de ciseaux pour couper les ailes de la pensée, tient à gagner son salaire en conscience. Il chicane sur les détails innocents ; il est doué d’un flair particulier pour trouver le danger partout où il n’est pas. On a forcé le traducteur à changer le titre du Brasseur de Preston, parce que birrajo (brasseur) sonnait un peu comme sbirrajo (sbire). Il a fallu afficher, dans l’intérêt de la paix publique, le Liquoriste de Preston.

Dans la traduction de Diane de Lys, on a coupé ces mots : ordinale i cavalli. « On n’ordonne pas les chevaux, disait le censeur ; on n’ordonne que les prêtres. » En revanche, il laisse passer des crudités que le parterre des Funambules ne supporterait pas chez nous.


Les comédiens de ce pays sont tous d’une médiocrité tolérable, comme les autres artistes : ils ne manquent ni