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buts, fauteuils, soieries, dentelles, plumes, livres, boucles de soulier, boutons d’habit. Les marbriers italiens ont une supériorité positive sur tous les autres dans tout ce qui n’est pas du domaine de l’art.

On nous montra de l’antique et du moderne, des figures mythologiques, un tombeau destiné à une église de Rome, un monument commandé par la république de Guatemala ; une collection de bustes toujours médiocres, quelquefois ridicules, où la bourgeoisie de toutes les nations de l’Europe étalait ses toupets, ses nattes, ses favoris, ses rivières de diamant serpentant entre deux salières, ses cravates nouées mathématiquement autour d’un faux col. Je dois dire que ce qui me choquait le moins, c’était les figures allégoriques. Quelques-unes rappelaient assez bien les chefs-d’œuvre de l’antiquité ; elles les rappelaient même un peu trop. Je saluais ici les bras de la Vénus du Capitole, là le torse de la Vénus de Milo ; plus loin, les jambes de la Vénus de Médicis. L’Américain acheta quatre figures de femme, livrables fin juillet. Ce ne fut pas sans marchander un peu, quoiqu’il fût pressé par le temps. Il voulait avoir son buste par-dessus le marché, mais le vendeur ne l’entendait pas ainsi. « Je ne vous ai pas surfait d’un écu, disait-il, aussi vrai que je suis un grand artiste. Ce que je gagne sur vous est très-peu de chose ; mes bénéfices sont limités par la concurrence ; je ne fais qu’échanger mon argent. L’exploitation d’une carrière me coûte les yeux de la tête ; car j’extrais mes marbres moi-même pour les avoir sans défaut. Le bâtiment qui les transporte à Rome est à moi ; j’ai l’équipage à nourrir toute l’année. Mes praticiens (j’en occupe une quarantaine) me mangent tout vif. Mes ateliers représentent un capital de