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tées où l’on reconnaissait, à force d’attention, des bouquets de fleurs, des figures d’animaux et des monuments antiques. Il fit ensuite une provision de camées, de cachets gravés, de coraux ciselés et de malachites tournées en boule. Ainsi fait tout étranger qui connaît ses devoirs.

Quand sa provision fut faite, je lui dis : « Avez-vous encore mille écus à jeter par la fenêtre ? »

Il me répondit par le sourire radieux des millionnaires.

« Alors suivez-moi chez le plus grand artiste que j’aie découvert ici. »

Je le menai auprès de la poste française, chez l’homme qui a ressuscité la bijouterie romaine. L’escalier, tapissé d’inscriptions et de bas-reliefs antiques, lui fit croire que nous entrions dans un musée. Il ne se trompait pas de beaucoup. Un jeune marchand aussi érudit que les archéologues lui fit voir une collection de bijoux anciens de toutes les époques, depuis les origines de l’Étrurie jusqu’au siècle de Constantin. C’est la source où Castellani puise les éléments d’un art nouveau qui détrônera avant dix ans la pacotille du Palais-Royal. Nos petits bijoux d’or frisé sont d’une mesquinerie honteuse auprès de ces ornements simples, larges, naïfs, et toujours empreints du goût impeccable de l’antiquité. Mon Américain, friand de gros morceaux, jeta son dévolu sur un coffret qui renfermait la toilette d’une dame romaine : collier de bulles d’or, bracelet de scarabées, épingles à piquer dans le sein des esclaves, peignes d’ivoire couronnés d’or, agrafes marquées d’une inscription de bon augure, anneaux assortis pour tous les jours de la semaine, mille coquetteries,