Page:About - Rome contemporaine.djvu/216

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Il n’y a que deux familles dont le revenu soit pour ainsi dire illimité : c’est la famille Torlonia et la famille Antonelli. Les Antonelli sont les plus riches, si l’on croit le prince Torlonia, mais ils ne veulent pas en convenir, ils s’en défendent comme d’un crime ; je n’ai jamais pu savoir pourquoi.


Riche ou pauvre, un prince romain est forcé de tenir son rang. Paraître est le premier de ses devoirs. Il faut que la façade du palais soit réparée, que les appartements de réception aient grand air, que la galerie n’excite point par son délabrement la compassion des étrangers. Il faut que les laquais soient nombreux, que les livrées ne manquent pas de galon, que les carrosses soient peints à neuf et les chevaux bien nourris, le maître dût-il retrancher un plat de son dîner. Il faut que les clients de la maison soient assistés en cas de besoin et que les mendiants bénissent la générosité du seigneur. Il faut que la toilette de monsieur et de madame soit non-seulement élégante, mais riche car enfin la noblesse ne doit pas être confondue avec le mezzo ceto. Il faut enfin donner tous les ans une grande fête ennuyeuse et splendide qui consumera en bougies un quart du revenu de l’année. Si l’on manquait à quelqu’une de ces obligations, on tomberait au rang des seigneurs déchus, caduti, qui se cachent et se font oublier.