Page:About - Rome contemporaine.djvu/217

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Par quels miracles d’économie secrète ces pauvres riches parviennent-ils à balancer leur budget dans un juste équilibre ? C’est toute une histoire compliquée et mélancolique. On se condamne tous les ans à sept ou huit mois de villégiature ; on vit avec une sobriété italienne, même à Rome, dans ce grand palais qui a ces énormes cuisines. On fait mieux : le maître de la maison, l’héritier d’un baron féodal ou d’un neveu des papes, se fait chef de bureau dans sa propre maison. Il s’enferme six heures par jour avec des commis ; il revoit lui-même le compte des recettes et des dépenses, il épluche les baux, il relit les titres, il se noircit les doigts dans la poussière des parchemins. Pour éviter le coulage inévitable qui épuise les plus grandes fortunes, il use sa vie à vérifier des additions. Cependant tout le monde le vole et ses commis eux-mêmes finissent par s’enrichir à ses dépens, car il n’est le plus souvent ni instruit ni capable.


Comment aurait-il appris à défendre son bien ou à le faire valoir ? On l’a placé tout petit chez les RR. PP. Jésuites, si toutefois on n’a pas trouvé plus noble de le garder à la maison sous la férule d’un abbé. Son précepteur ou ses professeurs lui ont enseigné le latin, les belles-lettres, l’histoire sainte, le blason, le respect des puissances, la soumission aux volontés de l’Église, la pratique des vertus chrétiennes, la haine des révolutions, la gloire de ses ancêtres et les privilèges dont il doit hériter par la grâce de Dieu. Il regarde les libertés et