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de mode avec le népotisme. Le dévergondage effronté qui florissait dans les premières années du dix-neuvième siècles a fait place à des mœurs discrètes.

Ici comme partout les femmes valent mieux que leurs maris. Ce n’est pas qu’elles lisent davantage ni qu’elles aient été élevées différemment. Toute leur supériorité vient de la nature qui a mieux doué le sexe aimable que le sexe fort.


Je fais presque tous les jours une promenade en voiture qui commence à la villa Borghèse, se continue au Pincio et se termine sur le Cours, après le coucher du soleil. Mon compagnon inséparable est un ingénieur français, homme d’esprit et d’observation, qui habite Rome depuis assez longtemps et connaît incognito presque tous les personnages de la noblesse. Il n’a pas eu besoin de me faire remarquer cet air de nullité oisive et satisfaite qui distingue toute une moitié de l’aristocratie. Mais quand notre attention se reporte sur les femmes, nous changeons de note. Non-seulement elles sont belles et élégantes, mais leurs yeux, leurs attitudes, leurs gestes, tout en elles indique je ne sais quoi d’indompté et une secrète révolte contre le néant. Pauvres femmes ! Élevées dans l’ombre épaisse d’un couvent, mariées sans amour à quelque beau reproducteur qui les accable de famille, elles sont condamnées, pour comble de misère, à une vie de représentation glaciale, pleine de visites, de révérences et de banalités. Tout est devoir pour elles, jusqu’à la promenade quotidienne. Le métier de femme du