Page:About - Rome contemporaine.djvu/224

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le drapeau ; il était plus éblouissant que le labarum de Constantin. J’abaissai le regard sur mon pantalon ; il était rouge, tout rouge, et d’un si beau rouge que je me mis à pleurer en le voyant.

Il y a, si je ne me trompe, un drapeau pontifical, avec les clefs de saint Pierre au beau milieu. C’est un drapeau bien conservé, en bon état ; les balles et les boulets n’y ont pas laissé de trous ; mais si l’on m’apprenait qu’un Romain a pleuré en le regardant, je serais fort étonné.

Vous rappelez-vous ce figuier qui était dans le jardin du misanthrope Timon ? Tous les Athéniens voulaient s’y pendre, parce que bon nombre d’hommes jeunes et bien portants s’y étaient déjà pendus. Le drapeau du pape est un figuier auquel personne ne songe à se pendre, parce que personne ne s’y est encore pendu.

C’est pourquoi la conscription, qui est dans nos mœurs aussi bien que dans nos lois, ne sera pas de longtemps une coutume romaine. La France peut dire aux garçons de vingt ans : Venez ici, et tirez au sort. Ceux qui obtiendront un petit numéro, garderont leur pantalon rouge ; les autres seront autorisés à prendre le pantalon noir.

Les enfants de notre pays ne sont jamais si heureux que lorsqu’ils jouent au soldat ; les enfants romains jouent au curé. Ils disent de petites messes et organisent de petites processions. On les habille en abbés, lorsqu’ils ont été bien sages. Les nôtres attendent le jour de l’an pour avoir un fusil, un sabre, ou tout au moins un tambour.

Est-ce à dire que les Français soient plus braves que les Romains ? Non certes. La race italienne qui a conquis le monde autrefois, est encore aujourd’hui une des plus mâles et des plus énergiques de l’Europe. Les Romains