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Page:About - Rome contemporaine.djvu/230

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étranger se présente : c’est le fils de la maison. Il s’est engagé dans l’armée des finances, il est douanier. Le frère aîné va le recevoir dans l’antichambre et le prie de repasser le lendemain. On a invité des Français ; il y a du monde ; la famille ne veut pas se compromettre en présentant un soldat ! Le lendemain, ce frère aîné rencontre sur la place d’Espagne un forçat employé aux travaux de la Colonne Immaculée : il lui serre la main publiquement. L’amitié d’un galérien est beaucoup moins compromettante que la parenté d’un soldat.


Et les officiers ? Ils sont sur le même pied que les autres fonctionnaires civils. Ils font partie de la classe moyenne ; le monde ne les reçoit pas et les considère médiocrement. Un moine, quoi qu’on fasse, sera toujours le supérieur d’un colonel.

Le grade de colonel est encore aujourd’hui le plus élevé de l’armée. Les fonctions de général sont remplies par des colonels : on économise le titre, ou plutôt on le réserve pour les chefs des divers ordres religieux.

Il faudra que le saint-père ait bien besoin de son armée pour qu’il accorde à de simples laïques ce beau nom de général, qu’un dominicain, un chartreux, un capucin, portent si fièrement.

Les dédains de l’aristocratie et du clergé pèsent sur l’armée et étouffent cet esprit militaire qui ne fleurit que dans une atmosphère de gloire. Officiers et soldats végètent dans la mal’aria de l’honneur.