Page:About - Rome contemporaine.djvu/240

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lions. Vous voyez qu’il a réparé ses pertes. Les cardinaux romains ne touchent que 20 000 francs par an sur la cassette du pape, mais il faut ajouter à cette modeste somme le revenu de quelque évêché, de quelque bénéfice, ou d’un haut emploi, choisi parmi les plus lucratifs. Cette combinaison leur permet de paraître pauvres et d’être riches. Lorsqu’on attaquera devant vous le faste de la cour de Rome, vous pourrez toujours répondre avec M. de Rayneval, que les cardinaux ne touchent que 4000 écus par an. Mais vous avez assez de bon sens pour comprendre que leur écurie seule dévore souvent plus de 4000 écus.

« Le sacré collège des cardinaux, dont le nombre varie entre soixante et soixante-dix, se recrute dans la prélature. En France, vous ne désignez sous le nom de prélats que les évêques et les archevêques, mais il en est autrement chez nous. La prélature est une institution toute romaine et qui n’a point d’analogue dans les autres États de l’Europe. C’est une sorte d’aristocratie spirituelle et temporelle recrutée par le saint-père qui lui signe ses lettres de noblesse. C’est une école où l’on s’élève par degrés jusqu’à la dignité de cardinal ; c’est une carrière politique où quelques-uns entrent par ambition, en se réservant la faculté d’en sortir par découragement. Les cadets de bonne maison, au sortir du collège, peuvent obtenir et même acheter certaines charges domestiques ou judiciaires qui leur ouvrent la prélature. Dès ce moment, ils sont comme vos bacheliers de France qui ont le droit d’aspirer à tout. Ils portent les bas violets et s’avancent, ainsi chaussés, dans le chemin des honneurs. L’administration, la diplomatie, les hautes cours de justice sont le domaine, ou si vous l’aimez mieux, le champ de