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Page:About - Rome contemporaine.djvu/241

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course des prélats. Les plus habiles et les mieux pensants arrivent avant les autres, mais il faut du travail, des protections, de la conduite et surtout de la tenue. Lorsqu’un prélat arrive à se faire nommer auditeur de rote, ou clerc de chambre, ou secrétaire d’une grande congrégation, il peut espérer sans trop de présomption qu’il mourra dans la pourpre. Celui qui parvient à l’un des quatre grands emplois de la prélature est sûr de son affaire : il passera cardinal. Ces emplois, qu’on nomme cardinalesques, sont ceux de gouverneur de Rome, de trésorier général, d’auditeur de la chambre, et de majordome du pape. Leurs titulaires jouissent par anticipation de quelques-unes des prérogatives réservées au sacré collège : ils font peindre leurs carrosses en rouge, et ils attachent des houppes de soie rouge sur la tête de leurs chevaux.

« Il n’est jamais trop tard pour entrer dans la prélature, et l’on est toujours libre d’en sortir. Je suppose qu’un homme bien pensant, comme vous, s’éveille avec la vocation ou l’ambition de parvenir au sacré collège. Le saint-père peut vous nommer prélat aujourd’hui même, et vous porterez des bas violets. Vous appartiendrez, ipso facto, à l’aristocratie de l’Église romaine, à l’état-major de la papauté, et cela sans contracter aucun engagement religieux. Vous passerez cardinal et vous prendrez les bas rouges le jour où le saint-père le trouvera bon, dans vingt-quatre ans, ou dans vingt-quatre heures. Il faudra qu’au dernier moment vous vous fassiez ordonner diacre, car on ne saurait devenir cardinal sans cette formalité. Si le chapeau se fait trop attendre, si la patience vous échappe, si vous trouvez sur votre chemin l’occasion d’un mariage avantageux, rien ne vous empêche de quitter la