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Page:About - Rome contemporaine.djvu/249

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toutes nues, considérant qu’on ne doit aux morts que la vérité. L’hypocrisie moderne les a habillées, drapées, étoffées, étouffées, comme si une belle statue pouvait être un objet de scandale. En revanche, on permet à des hommes vraiment nus de se baigner dans le Tibre, ou même dans le bassin de la fontaine Pauline. Personne n’est choqué de cette liberté, ni la police, ni le public, ni les femmes romaines, qui vont et viennent et lavent leur linge autour de ces statues vivantes, sans songer à mal.


Je sors de l’hôpital du Saint-Esprit. C’est un immense établissement, plus riche et mieux doté que tous les nôtres. Un jeune interne m’a reçu à la porte et promené fort poliment sans me connaître. Il est docteur, du moins il a subi les examens du doctorat théorique. Dans deux ans, il passera le doctorat pratique et s’en ira exercer la médecine dans quelque village. En attendant il étudie, mais non tout ce qu’il veut. Il m’avoue en confidence qu’il n’a jamais vu le corps d’une femme vivante. « Et les accouchements ? — Nous accouchons des poupées enceintes d’un petit mannequin. Mais quand j’aurai passé mon dernier examen, j’aurai le droit d’accoucher des femmes. — Je plains la première qui vous passera par les mains. — Moi aussi. »

Les salles de l’hôpital sont énormes en longueur et en largeur. Quatre rangées de lits, bout à bout, sans rideaux ! Les pieds d’une malade touchent la tête de l’autre. On a sacrifié l’intérêt de ces malheureux à l’aspect grandiose du bâtiment.