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Une pancarte placée auprès de chaque lit indique le régime prescrit au malade : « Portion entière, demi-portion, potage et œuf, viatique. » Ce dernier mot m’a fait dresser les cheveux sur la tête. Pauvres gens, à qui l’on dit vingt-quatre heures à l’avance qu’ils sont condamnés à mourir !

On appelle mon guide pour lui montrer le numéro deux cent et tant qui vient de passer. Je le suis et je vois un corps tordu en tous les sens par les convulsions de l’agonie. C’était un paysan atteint d’une gastrite aiguë pour s’être mal nourri. Un valet d’hôpital redresse ses membres, enlève la chemise, étend un drap, allume une lampe. Je remarque alors cinq ou six lampes allumées dans la salle : autant de cadavres. Mon cicerone me fait remarquer qu’on a eu l’heureuse idée d’adapter à chaque lit une sorte d’anneau pour la lampe funèbre.

Un capucin gros et gras circule dans la salle, distribuant l’absolution à ceux qui la demandent. Du reste, il y a deux grands confessionnaux devant la porte d’entrée.

On me montre un paysan rouge comme une tomate et suant dans son lit à grosses gouttes. Il a été piqué de la tarentule ; cependant, rien dans son extérieur n’indique la passion de la danse. Mon jeune docteur m’affirme que la piqûre des tarentules entraîne un mouvement de fièvre assez violent. Cependant, il a cru remarquer que la peur était pour beaucoup dans cette maladie. Il suffit quelquefois d’un verre d’eau claire ou d’une pilule de mie de pain pour la guérir radicalement.

Une salle spéciale est consacrée aux soldats malades. On les soigne paternellement, même pour leurs maladies irréligieuses. Mais dans ce cas particulier le prix des médica-