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Page:About - Rome contemporaine.djvu/279

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les frais du spectacle ; les amis en jouissent comme vous. Ils sont là, dans la foule, le cigare à la bouche ; ils regardent le défilé des capucins.

Le long du cortège, galopent cinquante ou soixante gamins, armés de cornets de papier. Ils recueillent la cire qui tombe des cierges, et ils ne se font pas faute d’en casser un morceau à l’occasion. Arrivés devant l’église, ils roulent la cire en boulettes, et jouent entre eux ce butin de leur soirée. Tandis qu’ils se querellent et s’arrachent les cheveux, le corps est mis dans un coin, sans beaucoup de cérémonie, et chacun retourne chez soi.

On s’arrange toujours pour faire passer les beaux enterrements par le Cours, le mort fût-il logé à l’autre bout de la ville. La fureur de paraître !

Si quelque famille a la douleur de perdre une fille jolie et pas trop décomposée, on sollicite et l’on achète la permission de l’enterrer à visage découvert. On la farde, on la montre, on fait parler d’elle et de soi durant vingt-quatre heures. C’est un joli succès.

Les nobles portent le deuil ; un deuil d’apparat, qui les distingue du peuple. Le monde moyen et les petites gens ne changent rien à leurs habits. Un bourgeois se mit en noir à la mort de sa mère, et j’entendis à ce propos la réflexion suivante : « Autrefois le deuil n’était que pour les princes ; voici maintenant les vassaux qui s’en mêlent. Où allons-nous ? » Remarquez le mot de vassaux.

Dans l’aristocratie, un cadet est tenu de porter le deuil de son aîné. L’aîné porte le deuil du cadet, si tel est son bon plaisir.