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Vendetta est un brigand de la décadence. Il a eu son petit quart d’heure d’audace, et ce sermon prononcé en pleine église n’est pas une action vulgaire. Mais que nous sommes loin du Passatore ! Voilà un vrai grand homme de grand chemin !

Le Passatore a pris une ville de cinq mille âmes, Forlimpopoli. Tous les notables étaient rassemblés au théâtre ; le rideau se lève : on voit paraître un chœur d’hommes armés qui tiennent le public en joue. Arrive le ténor, je veux dire le Passatore, une feuille de papier à la main. « Messieurs, dit-il, les issues du théâtre sont gardées, la ville est à notre discrétion, mais nous n’abuserons de rien. Nous avons frappé Forlimpopoli d’une contribution de tant d’écus, répartie comme il suit. Chacun de vous sortira à l’appel de son nom, et ira, sous bonne escorte, chercher la somme qu’il nous doit. Je commence. »

Il commença et finit sans encombre. La contribution fut payée rubis sur l’ongle, et le capitaine se retira paisiblement avec une recette comme le théâtre n’en avait jamais fait.


Ce Passatore avait des qualités, outre l’audace et la grandeur. Il se serait fait scrupule de dévaliser un malheureux ; plus d’une fois il vida sa bourse dans une poche qu’il avait trouvée vide.

Un jour il est blessé grièvement ; les soins d’un homme de l’art sont nécessaires. Mais comment supposer qu’un médecin viendra sans y être forcé se mettre dans la gueule du loup ? Il fit enlever le plus célèbre docteur de tout le