Page:About - Rome contemporaine.djvu/31

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étions une vingtaine de bavards assis, après diner, dans la serre d’un château qui domine la mer. La conversation avait déjà fait deux ou trois fois le tour du monde. Un convive nous avait raconté comment certain pacha d’Égypte, désireux de mettre à la tête de ses troupes une musique européenne, écrivit à son correspondant de Marseille de lui en expédier une. Le négociant acheta les instruments les plus perfectionnés et les embarqua pour Alexandrie. Le pacha, ravi de la beauté de tous ces cuivres, les distribua sur-le-champ aux soldats les plus vigoureux de son armée, et leur ordonna, sous peine du bâton, de lui jouer quelque chose. Ils exécutèrent une cacophonie si prodigieuse qu’on les fit rouer de coups et qu’on en appela d’autres. Après plusieurs expériences également inutiles, le pacha conçut des doutes sur la qualité de la marchandise qu’on lui avait envoyée. Il se plaignit ; le commissionnaire protesta qu’il avait fait pour le mieux, et une longue correspondance s’ensuivit. Enfin le Marseillais s’avisa de demander au pacha s’il avait des musiciens ? « Parbleu ! répondit l’autre, si j’avais des musiciens, je n’aurais pas besoin de musique. »

Un autre nous avait dit l’histoire beaucoup plus nouvelle de ce roi du Gabon qui écrivit (toujours à Marseille), pour demander des cuirasses. Livraison faite, il procéda lui-même à la première expérience, réunit le conseil des ministres, le cuirassa de ses propres mains, le disposa en groupe serré, et tira dans la masse un canon chargé à mitraille. Non-seulement ce monarque noir veut laisser les cuirasses pour compte ; mais il réclame le prix de sept ou huit Excellences mises à mal par le canon.

Aix nous fut dépeint à son tour, sous des couleurs plus