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Page:About - Rome contemporaine.djvu/325

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« Voilà qui va bien, dis-je au docteur. Mais parlez-moi un peu du brigandage. »

Il jeta les yeux sur moi, puis sur mon voisin l’ingénieur, et un sourire furtif brilla dans ses yeux. Sourire éminemment italien, plein de choses, et plus instructif que tout un discours. « Vous me demandez, poursuivit-il, si la maraude est toujours en usage dans ces campagnes ? Malheureusement oui ! Nos paysans se feraient scrupule de voler un sou sur la route, mais ils regardent comme un jeu innocent le vol des fruits, des grains ou des fourrages. Pour ce qui est des coups de couteau, ils ne sont ni plus rares ni plus communs ici que partout. Cela dépend beaucoup des vendanges. On s’égorge moins souvent lorsque le vin coûte plus cher. »

Ce n’était pas précisément ce que je lui demandais, mais je n’eus garde de répéter ma question. Le jeune ingénieur comptait sans doute quelques-uns de ses ancêtres parmi les héros accrochés à la porte Saint-Pierre, et j’avais déjà été trop indiscret en parlant du brigandage devant lui.

La procession s’écoulait enfin. Les traînards doublaient le pas ; le pauvre veau, rompu de fatigue, avait fini par se faire porter. Nous revînmes à la maison, où le dîner nous attendait. Notre hôte nous conta qu’une femme malade avait rendu l’âme juste au moment où saint Antoine passait devant chez elle. Les parents de la morte se consolaient en disant que le saint l’avait prise avec lui.

Les gens de Sonnino ont une promenade dont ils sont fiers à bon droit. C’est une route d’un mille de long, construite à grand renfort de bras sur le sommet de la montagne. Elle commence à la porte Saint-Pierre et se termine à un bouquet de chênes verts. Le sol est assez uni pour