Page:About - Rome contemporaine.djvu/326

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qu’on puisse s’y promener en voiture ; malheureusement les voitures ne sauraient monter jusque-là. On y fait courir des chevaux le jour de la fête, lorsque la Providence permet qu’il se trouve des chevaux dans le pays.

La course était promise pour vingt-deux heures, c’est-à-dire qu’elle devait commencer deux heures avant la chute du jour. En attendant le spectacle, je me rendis tout seul au petit bois de chênes verts. Les vaches y avaient laissé de larges traces de leur passage. Cependant je m’établis de mon mieux sur une souche, et je me mis à noter au crayon ce que j’avais vu et entendu depuis la veille. Tout à coup le ciel s’assombrit. C’était un orage qui passait, venant des montagnes de Naples. Le jour baissa brusquement ; la vallée se teignit des couleurs les plus fantastiques. Les éclats de la foudre se succédaient en se rapprochant ; bientôt je crus entendre le tonnerre au-dessus de ma tête. Je ne pouvais regagner le village sans recevoir une grosse pluie pendant un mille, et j’étais très-légèrement vêtu. Je résolus donc de rester où j’étais jusqu’à la fin de l’orage. Le ciel m’envoya nombreuse compagnie. Huit ou dix pâtres, bouviers, gardiens de buffles, de chèvres et de brebis, vinrent s’abriter autour de moi. Ils étaient trempés jusqu’aux os, mais aucun n’avait eu l’idée d’endosser sa veste. Ils la portaient négligemment sur l’épaule gauche : c’est la coquetterie du pays. Je leur offris des cigares, et ils les prirent avec empressement pour les hacher dans leurs pipes de bois décorées de clous à tête de cuivre. Un jeune homme, pour me rendre ma politesse, me donna des pommes vertes qui auraient pu être mûres à la fin d’août. Il découvrit ensuite un mouchoir de coton rouge caché sous sa veste et rempli de bigar-