Page:About - Rome contemporaine.djvu/327

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reaux. J’en acceptai deux ou trois discrètement ; mais il insista comme un beau diable. « Ne crains pas, me dit-il, de partager ces cerises : je ne les ai point payées ; elles m’appartiennent par droit de maraude. Si tu ne veux pas en prendre toi-même, attends, je vais te servir. » Il m’en combla d’abord, il m’en accabla ensuite : il me traita d’Auguste à Cinna ; et lorsqu’il vit clairement que j’en avais par-dessus les oreilles, il distribua le reste entre ses compagnons.

Quand je me vis au milieu de ces braves gens, dont quelques-uns entraient à peine dans la vie, tandis que les autres avaient passé la soixantaine, l’idée me vint de réveiller chez eux les souvenirs du brigandage. Un seul avait été brigand ; il comptait quelques années de service dans la bande de ce fameux Gasperone que j’ai vu depuis au bagne de Civita-Castellana. Il se rappelait très-nettement le temps où le chevalet et le nerf de bœuf étaient en permanence sur la place de Sonnino. Il avait vu la porte Saint-Pierre encadrée de dix-huit têtes d’hommes, et il avait connu personnellement une demi-douzaine de ces têtes. Il était présent lorsque Joseph de Santis mourut par accident, en frappant la crosse de son fusil contre la terre. Le coup partit, l’homme mourut ; et le gouverneur accrocha sa tête avec les autres, fort indûment, puisque de Santis n’avait jamais été pris. Mon narrateur était avec Gasperone lorsqu’il vint détacher cette tête, à la barbe du gouverneur et de la garnison, pour lui donner la sépulture. Il se souvenait de quelques autres expéditions ; mais il parlait si confusément, et dans un patois si napolitain que, malgré l’attention la plus soutenue, je ne pouvais le suivre partout. Le plus beau chapitre de son épopée était