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Page:About - Rome contemporaine.djvu/328

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la résistance qu’il avait osé faire à Gasperone. Le grand capitaine l’avait envoyé quérir de l’eau pendant la nuit à une source qui devait être surveillée. « J’ai refusé net, disait-il. Je lui ai dit : Envoie-moi voler du vin dans la cave du gouverneur, détourner un bœuf dans les pâturages de Pellegrini, j’irai, s’il fait jour. Mais la nuit, à cet endroit-là, j’ai trop peur d’une embuscade. J’aime mieux que tu me tues, si telle est ta volonté… Et vois un peu, monsieur, si j’avais raison ! Celui que Gasperone a envoyé à ma place s’est échappé, au péril de sa vie, entre cinq ou six balles de fusil. »

Ce héros plein de prudence était tombé deux ou trois fois dans les mains des soldats, mais il avait toujours su leur persuader qu’il vaquait honnêtement à ses affaires. Au demeurant, il n’avait pas été brigand de profession, puisque son métier était de garder les bœufs, mais il avait fait comme les autres, tant que le brigandage avait été de mode dans le pays.

Ce n’était pas que les exemples sévères lui eussent manqué. Il avait assisté dans sa jeunesse à l’exécution de vingt-cinq coureurs de montagne, pris et fusillés par les Français. Leur affaire s’était faite précisément à l’entrée du bosquet où nous étions retenus par la pluie ; on avait jeté leurs corps dans une caverne profonde et ténébreuse, à trois milles de Sonnino.

Je lui demandai à quelles causes il attribuait la cessation du brigandage. « C’est, me répondit-il, que le métier n’était plus tenable sous le pape Léon XII. Presque aussitôt qu’un homme était pris, on lui coupait la tête. Vous n’aviez pas même le temps de vous enfuir de prison. Voilà comment la mode s’est passée. »