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Page:About - Rome contemporaine.djvu/330

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impossible de dire vos noms, que j’ignore. Pourquoi ne me dépouillez-vous pas un peu ? »

L’ancien soldat de Gasperone ne se scandalisa point de ma question. Il répondit avec simplicité : « Nous ne ferions pas une pareille chose, attendu que nous sommes de braves gens.

— Tu n’étais donc pas un brave homme, quand tu courais la montagne avec Gasperone ?

— Si, j’étais un brave homme, mais je faisais comme tout le monde. C’était l’habitude en ce temps-là. Et même, en ce temps-là, si tu avais été assis auprès de moi, si tu m’avais donné des cigares, si tu avais mangé avec moi sur la même pierre, je ne t’aurais pas pris un sou. Cependant, si tu avais eu de l’argent dans tes poches et que tu m’eusses donné un petit portrait du pape, je l’aurais accepté pour boire à ta santé. »

L’orage avait passé son chemin ; le soleil reparut ; l’heure des courses approchait. Déjà nous voyions trois chevaux sortir du village et s’avancer au pas vers notre bosquet, où ils devaient attendre le signal du départ. Tandis que mes compagnons jugeaient les coureurs à distance, et pariaient pour le bai brun, l’alezan ou le blanc, je vis au loin, tout au loin, un petit cortège de dix ou douze personnes descendre de Sonnino par la porte Saint-Jean, et marcher à petits pas vers l’église de Saint-Antoine. « Qu’est cela ? demandai-je au vieux bouvier. On dirait qu’ils portent quelque chose.

— En effet, répondit-il. Ils portent en terre une femme qui est morte aujourd’hui pendant la procession.

— C’est impossible !

— Et pourquoi ?