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Page:About - Rome contemporaine.djvu/331

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— Est-ce que la loi permet d’ensevelir les gens quatre heures après la mort ?

— Bah ! c’est peut-être bien défendu, mais tant pis. On n’a pas de temps à perdre chez nous, et quand les gens sont morts, on les enterre. »


La morte, à peine refroidie, entrait dans l’église au moment où les trois chevaux arrivèrent à nous. Je ne suis pas grand connaisseur, et je n’ai jamais porté une rondelle de carton vert à la boutonnière de ma redingote : cependant il me fut aisé de prédire que la course serait médiocre. Les trois rosses inscrites allaient se disputer sans jockey un prix de dix écus (53 fr. 50). La cravache et l’éperon étaient remplacés par quelques balles de plomb armées de pointes pour leur chatouiller les flancs. Une vingtaine de gamins les poursuivirent à grands cris et à coups de pierres ; ce n’était pas un départ, mais quelque chose comme un lancer. À mi-chemin, les pauvres animaux, ne se sentant plus poursuivis, se mirent au pas. C’est en vain que leurs propriétaires accoururent vers eux pour les rappeler au devoir ; la foule eut beau stimuler leur amour-propre par tous les projectiles qu’elle avait sous la main, la course s’acheva au petit trot, et les trois bêtes atteignirent le but, cahin caha.

J’arrivai presque en même temps, quoiqu’on ne m’eût pas lancé de pierres, et je vis un spectacle assez curieux. L’autorité locale refusait d’adjuger le prix, alléguant que course vient de courir, et que les chevaux n’avaient pas