Page:About - Rome contemporaine.djvu/337

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dats napolitains. Lorsqu’ils voulurent sortir, il était trop tard. Le camarade fut tué sur le coup, et mon mari blessé à mort : il avait l’épaule fracassée.

« Malheureusement pour lui et pour moi, il ne mourut pas tout de suite. On le porta d’abord à l’hôpital de Terracine, et les soldats napolitains arrivèrent derrière lui pour réclamer la somme qu’on leur avait promise. Mais on s’aperçut en l’interrogeant qu’il n’était pas sujet du pape, mais du roi. On le remit donc à l’autorité napolitaine, et l’on envoya les soldats se faire payer chez eux. Ils s’adressèrent au gouverneur de Gaëte, qui les renvoya à tous les diables, attendu que le roi n’avait rien promis ; et ainsi ils ne furent payés de personne. C’est bien fait.

« Quant à mon pauvre homme, il resta dix-huit mois à l’hôpital de Gaëte, sans se décider ni à vivre ni à mourir. On avait fait son procès pendant qu’il était malade, et les juges l’avaient condamné à mort ; mais le bourreau attendait qu’il fût bien portant pour lui couper le cou. Aussi n’avait-il guère de courage à guérir, et il aurait voulu rester malade jusqu’au jugement dernier.

« Tout cela était bien pénible pour moi, d’autant plus que je voyais ma sœur heureuse et que j’avais trouvé une occasion de l’être moi-même. Mon beau-frère, celui qui avait tué mon premier mari, avait fait sa paix avec la justice, et, en dénonçant quelques camarades, il avait obtenu une place de geôlier. Il ne gagnait pas mal d’argent, et Thérèse n’était pas à plaindre avec lui. Moi, je connaissais à Rome un chapelier qui me voulait du bien et qui demandait à m’épouser. Mais je ne pouvais prendre un troisième mari, tant que le second ne serait pas tout à fait mort. Dans cette triste condition, n’étant ni fille, ni femme, ni