Page:About - Rome contemporaine.djvu/354

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la livrée des forçats ainsi que de leur compagnie. Il vit seul, entouré de ses anciens compagnons, et distrait de son ennui par la visite des étrangers.

Des montagnes qui l’ont vu naître, il n’a gardé que l’accent et la chaussure. Il me montra ses chôches ou sandales attachés par des bandelettes de cuir et me dit avec une modestie assez orgueilleuse : « Excusez-moi si je ne parle pas le pur romain ; je suis né chôchar et chôchar je mourrai. » Ce titre de chôchar ou de porteur de chôches est employé à Rome comme un terme de mépris. Le cardinal-prince Altieri, soutenant une discussion assez vive contre le secrétaire d’État, ne craignit pas de lui jeter à la face l’épithète de chôchar. Il est positif que le cardinal Antonelli, comme tous les enfants de Sezza, de Prossedi et de Sonnino, a porté les chôches dans sa jeunesse.

Gasperone me demanda si j’étais Romain ? C’était évidemment une formule de politesse et un compliment sur la façon dont je prononçais la langue italienne. Je le remerciai de sa courtoisie et je déclinai ma qualité de Français.

« Hé bien ! reprit-il en souriant, emmenez-moi en France avec vous. »

Je m’appliquai à lui démontrer qu’un homme de son état ne trouverait pas à s’occuper dans un pays comme la France. Les gendarmes qui nous écoutaient haussèrent les épaules en signe d’incrédulité quand je dis que le brigandage était impossible chez nous.

Le fait est que le brigandage, si bien déraciné dans les montagnes de Sonnino, était très-florissant alors dans les Marches et les Romagnes. On parlait d’un propriétaire assiégé dans sa maison aux portes mêmes de Rimini. On