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Page:About - Rome contemporaine.djvu/357

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chemin, lorsque le voiturin prend des bœufs ou des chevaux de renfort, l’homme qui les a loués et qui vient de toucher son salaire, nous tire par la manche et nous éveille, au besoin, pour une communication importante. Que veut-il ? Une petite pièce de monnaie pour acheter du pain. Si le pain était rare ou cher, cette importunité serait peut-être excusable. Mais la récolte est magnifique, les cultivateurs en conviennent eux-mêmes, lorsqu’ils se dérangent de leur travail pour venir nous tendre la main. Évidemment, ces gens-là n’ont pas besoin des quelques sous qu’ils nous demandent. Ils mendient pour le principe, pour l’honneur du pays et du gouvernement.

Que l’on est fier d’être Français ! Cependant je dois avouer que la mendicité est encore plus arrogante et plus inexcusable à Paris. Un cocher romain à qui l’on ne donne rien pour boire se contente de vous maudire intérieurement. Un cocher de Paris vous injurie et fait pis quelquefois. Nous avons sur les boulevards de Paris tel et tel café qui recueille tous les ans plus de cent mille francs d’aumônes. Les domestiques de ces établissements, qui n’ont pas d’autre salaire, partagent cette somme énorme avec un patron absurdement riche, et l’on voit des loyers de soixante mille francs payés sur l’aumône forcée des pauvres consommateurs.

À Narni, le voiturin nous vend à un de ses confrères qui se charge de nous transporter aux mêmes conditions jusqu’au terme de notre voyage.

Les cascades de Terni sont faites de main d’homme, comme celles de Tivoli. L’art est venu en aide à la nature ; on a détourné une rivière de son lit pour la précipiter au milieu des rochers.