Page:About - Rome contemporaine.djvu/363

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mais inexplicable. Car enfin l’Italie entière sait par expérience que ses amis les Anglais ne sont pas des bêtes. Un habitant d’Ancône que j’avais rencontré à Lorette, m’a donné l’explication de ce préjuge. « Le peuple, me dit-il, embrasse sous la domination d’Anglais tous les habitants des Iles Britanniques, mais en réalité cette réputation de bêtise n’appartient qu’aux Irlandais. Ils acceptent si aveuglément les miracles les plus discrédités chez nous, ils digèrent d’un tel appétit les bourdes les plus incroyables qu’on prend pour un défaut d’intelligence ce qui n’est qu’un excès de foi.


J’ai reculé d’horreur en voyant dans une chapelle latérale le cadavre d’un enfant et sa figure couverte de mouches. Le pauvre petit était vêtu en abbé, suivant un usage assez répandu. Je me demandais comment une famille pouvait abandonner ainsi les restes mortels de sa progéniture, mais je m’aperçus au bout d’un instant que l’enfant n’était pas seul. Un commissionnaire ou faquin, payé à la journée pour garder le corps et écarter les mouches, dormait dans un coin de la chapelle. Cette triste apparition gâta pour moi le plaisir de la journée, et lorsqu’une mouche de l’église venait se poser sur ma figure ou sur ma main, je la chassais avec une sorte de terreur. Il me semblait que ces sales bêtes étaient les mêmes que j’avais vues se grouper autour des narines et des yeux du pauvre petit enfant.