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gnorants et fort peu de civilisation. Ce singulier État de 9500 hommes qui conserve le nom de république au milieu de la monarchie absolue du pape m’a tout l’air d’un ghetto rural. Je me persuade que les successeurs de saint Pierre l’ont respecté à dessein pour montrer à leurs sujets combien la monarchie est supérieure à la république. C’est ainsi qu’ils font végéter depuis tant de siècles une misérable poignée d’israélites pour faire ressortir la supériorité du catholicisme.


On a beaucoup vanté chez nous la constitution politique de Saint-Marin, l’équilibre de ses budgets, le désintéressement de ses citoyens dont pas un, dans l’espace de quatorze siècles, n’a visé à la tyrannie. Je ne veux pas jeter mon pavé sur un petit peuple intéressant sinon par ses vertus, au moins par sa faiblesse. Mais je raconterai sincèrement, selon mon habitude, ce que j’ai vu et entendu sur le territoire de Saint-Marin.

J’avais quitté Rimini par une pluie battante. On m’avait donné une petite voiture en manière de dog-cart, suspendue autant qu’il le fallait pour me rompre les os. Mon cocher était le propre fils de l’aubergiste, un gamin de quatorze ans tout au plus, athée comme une couleuvre. Je sondai, chemin faisant, le fond de sa philosophie, et il lâcha devant moi cet aphorisme épouvantable : « Dieu ? Je crois bien que s’il y en a un, c’est un prêtre comme les autres. »

Cet aimable enfant me montra du doigt la borne qui