Page:About - Rome contemporaine.djvu/370

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sépare l’État pontifical de la terre républicaine. Il ne me parut pas que le soleil devînt plus brillant, ni le sol plus fleuri, ni la pluie moins insipide. Cependant je goûte assez l’air qu’on respire dans les républiques. Le pays était assez laid, et la culture n’avait rien de merveilleux. Un petit village situé à mi-chemin me parut triste et malpropre.

La ville et le bourg sont situés sur une montagne escarpée d’où l’on voit une belle étendue de pays, lorsqu’il ne pleut pas à torrents. Le bourg est au bas de la montagne, la ville occupe le sommet. Le bourg est mal bâti, mal pavé, mal tenu. La principale industrie qu’on y cultive, et probablement la seule, est la fabrication des cartes à jouer qui s’exportent en contrebande.

Je me mis en quête d’un cicérone, et pensant que le mieux serait de prendre au hasard le premier indigène venu, j’entrai chez un artisan et j’offris de lui payer sa journée s’il voulait se promener quelques heures avec moi. Il ne se fit point prier et je m’aperçus, au bout de quelques minutes, que j’aurais pu tomber beaucoup plus mal. Le bonhomme était complaisant et enclin au bavardage. La première histoire qu’il me raconta fut celle d’un médecin communal qui avait péri assassiné à coups de fusil sur la place du bourg. Le fait avait deux années de date. Les assassins avaient été condamnés à deux ans d’exil.

L’organisation de la justice à Saint-Marin est tout à fait élémentaire. On n’a ni lois ni tribunaux, mais on fait venir de Rome ou de Florence un magistrat suivi de quatre gendarmes. Ce fonctionnaire, payé sur le budget de la république, juge, comme il l’entend, les affaires civiles et