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Les finances ne sont jamais en déficit, car il n’y a pas, à proprement parler, de finances. Le peuple ne paye pas de contributions directes. Le principal revenu de l’État se compose des sels et des tabacs que le pape lui permet d’importer en franchise. Il est donc non-seulement le protégé, mais l’obligé du saint-père. On ajoute à cette ressource le produit d’un impôt sur la viande. Le consommateur paye deux écus et demi sur un bœuf, vingt-cinq sous sur un porc, sept sous et demi sur un mouton. Les denrées nécessaires à la vie sont à bon marché : la viande coûte huit sous la livre, le litre de vin se vend de trois à cinq sous, et l’on a pour un sou huit onces de pain.

L’instruction publique est à peu près nulle : une vingtaine de petits républicains vont l’école chez les prêtres.

Les monuments publics sont une forteresse en ruines et une église assez laide, mais en bon état. Quatre prisonniers sont détenus dans la forteresse : j’ai passé une demi-heure avec eux. Ils ont commis le délit de maraude, aussi fréquent ici que dans les villages de l’État du pape. Les malheureux attendent impatiemment qu’on les envoie aux galères. Mais il faudra du temps : le juge est mort et le successeur n’est pas encore nommé. Un de ces pauvres diables a la jambe cassée et il souffre cruellement sur sa méchante paillasse.

On voit dans l’église le tombeau que saint Marin s’est taillé lui-même et la plaque de marbre consacrée par la république à Antoine Onuphrio, patri patriæ, dit l’inscription. Cet Onufrie était le chargé d’affaires de la république auprès de l’Empereur des Français. Mon cicérone a les larmes aux yeux en faisant l’éloge de ce grand homme :